Créateur de Nubo, jeune gardien nuage qui n’arrive plus trop à différencier rêve et réalité, Jim Bishop revient sur sa série d’aventure et d’humour complétement barrée. Ce talent à suivre raconte Nubo, sa série déjantée, les éditions Bonstre et son album à venir chez Ankama. Une interview survoltée et drôle, comme lui en somme...
L’envol d’une série barrée
Si vous deviez vous présenter en quelques mots ?
Jim Bishop : Je m'appelle Jim Bishop, je suis auteur de bandes dessinées et j'ai une hauteur de 1m 80. Jim c'est d'origine américaine et Bishop aussi je crois. Mon parcours est labyrinthique mais je commence à connaître les murs (du labyrinthe) et du coup la sortie est pour bientôt j'espère. J'ai fait des écoles, j'ai d'abord commencé par la primaire avec le CP où je dessinais dans les marges de mes cahiers.

Puis j'ai suivi le schéma classique d'un élève surdoué avec des problèmes familiaux : je suis donc très fier d'avoir obtenu mon bac moins 2 et d'avoir décidé de me lancer dans la BD tardivement en ayant seulement lu L'apprenti mangaka de Toriyama et L'art invisible de Scott McCloud.
Nubo, c’est votre première série ?
Non, je voulais tenter un album de rap mais j'étais trop nul. [Rires] Il y a trois ans mon amie m’a mis au pied du mur : elle m'a dit si tu ne fais pas Nubo, on aura plus de rapports intimes... Le lendemain, j'avais déjà fait pas mal de story-boards. Les premiers étaient vraiment galère : j'avais vraiment du mal à faire la mise en page et puis j'avais la pression de faire une première BD tout seul. Même si elle était lue par peu de gens, je voulais faire ça bien. En six mois, j'avais fini le premier tome et au final j'en suis à moitié satisfait... Pour le deuxième tome, j'étais plus confiant, il ressemble plus à ce que je voulais faire.
Comment décririez-vous l’univers de Nubo ?
Mon inspiration est clairement autobiographico-métaphorique : je m'inspire de ma vie mais en y incluant plein d'images et de symboliques. J'essaie de faire un mélange de genres, lier l'ésotérisme à la science qui est au second plan. Dans une première version du deuxième tome, j'expliquais plus précisément le voyage dans le temps, explications théoriques que j’ai enlevées pour alléger le tout... Comme j'ai mis l’aspect science de côté et valorisé le côté réflexion métaphorique du coup je qualifierais le genre de cette BD de « science-ésotérique ».

Le second tome marque une évolution dans votre style.
Je commence à comprendre que la couleur peut être réellement narrative. J'ai également changé d'outil pour ce tome, je suis passé du stylo tubulaire à la plume, et il y a eu un temps d'adaptation... Ce qui se ressent, je pense. Pour tout dire j'ai entièrement réalisé une autre version de ce tome 2 avant de créer la version publiée, j'ai donc eu le temps de m'entrainer un peu ! [Rires]
Pour cet album, je commence par un crayonné léger au crayon rouge puis j'encre à l’encre de Chine à l'aide d'une plume G. J'ai un ami qui corrige toutes mes erreurs graphiques et il y en a beaucoup : il s'appelle Tipex. Mon amie, Clara Lalala, m'aide également à prendre certaines décisions quand j'ai trop d'idées. J'essaie de me contenter de peu de conseils, pour éviter de me perdre dans les avis de tous.

Des univers à explorer
Les personnages, nombreux, évoluent aussi.
À la fin de Nubo, on comprendra mieux d'où vient Le Bonstre. Et si vous voulez savoir comment je l'ai inventé et bien sachez que Le Bonstre ... c'est moi ! [rires] Il y a beaucoup de symbolique autour des soucis de Nubo dont le passage à l'âge adulte. C'était important de focaliser sur ce personnage et sa décision d'aller chercher ou pas Lua, qu’on reverra dès le tome 3 !
La fin de la série est déjà écrite ?
Je connais la fin mais ai juste plusieurs idées pour y arriver. J'ai commencé l'écriture du quatrième tome qui sera le dernier mais je ne suis pas encore satisfait ! J’aimerais que ce tome soit explosif et j’y travaille dur !
Comment gérez-vous vos journées de travail ?
Assez anarchique honnêtement. Parfois je m'impose un rythme de travail genre salarié : levé à 8h30, pause à midi, je retaffe jusqu'à 18 h 30, ensuite je profite de ma soirée. Mais en général au bout d'une semaine je me couche à 4 h du matin, je me lève à 10 h, pour me recoucher à 15 h... Mais la BD avance donc tout va bien...
Nubo est édité dans une jeune maison indépendante, les éditions Bonstre, pouvez-vous nous en parler, ainsi que de leur titre jeunesse, Liloute Petit Prout ?
Les Éditions Bonstre est la maison d'édition qu'on a montée avec Clara Lalala, parce qu'on voulait avoir notre indépendance artistique et mettre un premier doigt de pied dans la BD. Avec cette maison, on souhaite parler des monstres : de ces gens qui sont différents parce qu'ils ont fait des choix ou ont des particularités que l'on montre du doigt... Mais avant tout on veut que nos BD restent du divertissement.
Liloute Petit Prout est un projet jeunesse qui raconte l'histoire d'une petite fille qui veut devenir une princesse mais les princesses ça ne pète pas. Elle va aller demander à ses amies comment ne plus péter... Je vous rassure y a une vraie morale derrière tout ça. [Rires] On est également en train de travailler sur un projet commun avec Clara qui parlera d'un amour vécu d'une manière assez originale...
Et la suite de Nubo alors ?
Le tome 3 de Nubo qui aura 96 pages et des bonus, est en phase de colorisation. Je devrais le financer comme les anciens via financement participatif. Je travaille actuellement également pour Ankama avec YO-one sur un projet qui s'appelle Jill et Sherlock et ça va être fou ! YO-one vient de aussi de l’auto-édition où il a fait Sois heureux ou meurt en essayant, qui parle d’un type qui a un rapport difficile avec le dessin.

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